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Newsletter – Août 2025

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Newsletter – Août 2025

ENTREPRENEURIAT FEMININ ET LE ROLE DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE EN AFRIQUE

L’entrepreneuriat est un levier essentiel du développement économique, permettant la création d’emplois, la stimulation de l’innovation et la génération de valeur ajoutée[1]. En Afrique, cette dynamique est particulièrement portée par les femmes, qui jouent un rôle central dans l’économie du continent. Selon des études récentes, 24 % des femmes africaines âgées de 18 à 64 ans ont créé une entreprise, soit le taux le plus élevé au monde, devant l’Amérique latine (17 %), l’Amérique du Nord (12 %) et l’Europe/Asie centrale (8 %)[2].  Cela signifie qu’une femme sur quatre en âge de travailler est entrepreneure. La vitalité entrepreneuriale des femmes africaines, qui génère entre 150 et 200 milliards de dollars de valeur ajoutée – soit environ 65 % de la richesse du continent – illustre leur résilience face aux défis socio-économiques et leur rôle essentiel dans le développement des ménages et des communautés.

Les femmes entrepreneures africaines évoluent majoritairement dans le secteur informel, notamment dans des domaines tels que le commerce de détail (vente de produits alimentaires, vêtements, etc.), l’agriculture de subsistance, la transformation agroalimentaire, les services (coiffure, couture, restauration de rue), l’artisanat, et de plus en plus dans les services numériques et les technologies, bien que leur accès à ces derniers reste encore limité. Ces activités sont souvent de petite taille, avec un capital initial réduit, et organisées de manière familiale ou communautaire. Par contre, certaines créent et dirigent des entreprises de transformation de produits locaux, de services financiers, de communication digitale ou encore de jeux vidéo éducatifs[3]. Cette diversité sectorielle témoigne de leur capacité d’innovation et d’adaptation face aux besoins locaux et aux opportunités du marché africain[4].

Malgré leur contribution significative à l’économie, les femmes entrepreneures africaines font face à de nombreuses barrières à l’accès au financement. D’après un rapport de la Banque Africaine de Développement (BAD), le déficit de financement des PME dirigées par des femmes en Afrique subsaharienne est estimé à plus de 42 milliards de dollars[5]. Les raisons de cette exclusion sont multiples : absence de garanties formelles, historique de crédit limité, faible alphabétisation financière, normes sociales défavorables, non-enregistrement des entreprises, etc. À cela s’ajoute le manque d’accès à l’éducation financière et aux réseaux de soutien, ainsi que les lourdes charges familiales qui limitent leur temps et leur mobilité. Ce paradoxe – un fort taux d’entrepreneuriat couplé à une forte exclusion financière – freine l’expansion et la formalisation des entreprises dirigées par des femmes. 

Les institutions de microfinance apparaissent comme des actrices incontournables pour combler ce vide laissé par les systèmes financiers classiques. Elles sont conçues pour offrir des services financiers accessibles aux populations à faible revenu, sans les exigences rigides du système bancaire traditionnel. Les IMF proposent des microcrédits sans garanties, des produits d’épargne souples, des assurances de base, ainsi que des services non financiers comme la formation en gestion, l’accompagnement personnalisé, le renforcement de la confiance en soi et la constitution de réseaux de soutien. Ces institutions adoptent souvent des approches communautaires, comme les groupes de crédit solidaire, qui renforcent la responsabilité mutuelle entre les membres et limitent les risques de défaut.

L’entrepreneuriat féminin joue un rôle clé dans la vitalité économique de l’Afrique. Partout sur le continent, des femmes créent, innovent et soutiennent leurs communautés, souvent dans des conditions difficiles et avec peu de moyens. Les institutions de microfinance ont, à travers leurs actions, une réelle opportunité d’accompagner ce mouvement. En proposant des services plus accessibles, des formations adaptées, et en restant à l’écoute des besoins spécifiques des femmes, elles peuvent contribuer à créer un environnement plus favorable à leur réussite. Il ne s’agit pas de tout changer, mais d’aller plus loin : adapter, tester, améliorer ce qui existe déjà… en pensant inclusion, proximité, et impact. Encourager les femmes dans leurs projets, c’est participer activement à un développement plus équitable, durable et résilient.

Soutenir les femmes, c’est nourrir la croissance, renforcer la stabilité sociale et construire l’avenir du continent. Engageons-nous dès maintenant.

 

LES IMF MEMBRES DU RESEAU MAIN ET LES PRODUITS VERTS : VERS UNE MICROFINANCE AU SERVICE DE LA TRANSITION ECOLOGIQUE ET SOCIALE

Les produits verts dans le secteur de la microfinance désignent des services financiers conçus pour appuyer des activités respectueuses de l’environnement, telles que l’accès à l’énergie renouvelable, l’agriculture biologique, la gestion durable de l’eau ou des déchets, ou encore la mobilité propre. Ces produits visent à concilier rentabilité économique et impact écologique, tout en améliorant les conditions de vie des bénéficiaires. Historiquement, l’intégration des enjeux environnementaux dans les offres des Institutions de Microfinance (IMF) africaines s’est faite progressivement, souvent à l’initiative d’acteurs pionniers ou de projets soutenus par des bailleurs internationaux. Mais avec la montée en puissance des effets du changement climatique, et dans un contexte de fortes inégalités sociales, la Transition Écologique et Sociale (TES) s’impose aujourd’hui comme une orientation stratégique incontournable.

Conscient de cet enjeu, le réseau MAIN (Microfinance African Institutions Network) a entrepris en début d’année 2025 une enquête approfondie auprès de l’ensemble de ses 141 membres, afin d’évaluer leur engagement sur la TES, d’identifier les défis rencontrés, et de structurer un accompagnement pertinent. Les résultats sont révélateurs d’une dynamique prometteuse : environ 75 % des IMF déclarent avoir déjà mis en place ou être en train de développer des produits verts. Une large majorité affiche également une volonté forte de se former, de concevoir de nouvelles offres écologiquement responsables et de collaborer avec d’autres acteurs engagés.

Les fruits de cet engagement sont visibles dans la diversité des produits verts recensés : plus de 71% des IMF offrant des produits verts proposent des prêts pour des équipements solaires ou des solutions d’énergie propre, 34% soutiennent des initiatives en agriculture biologique, 16% ont développé des offres pour l’habitat écologique ou des équipements domestiques durables, et d’autres s’orientent vers des secteurs tels la gestion des déchets, l’assainissement, ou la mobilité verte. Ces efforts démontrent que l’offre verte en microfinance n’est plus marginale, mais en voie de structuration. Néanmoins, les défis restent nombreux : le manque de ressources financières, l’insuffisance de compétences internes, la faible sensibilisation des clients, et parfois un cadre réglementaire inadapté freinent encore l’essor des produits verts.

Dans ce contexte, le réseau MAIN s’engage pleinement à accompagner ses membres. La demande d’appui exprimée est claire : les IMF souhaitent des formations pratiques, un appui technique à la conception de produits, des outils d’évaluation des risques, et un accès facilité à des ressources ou à des lignes de financement vertes. MAIN entend répondre à ces attentes à travers des actions concrètes : mise en place de programmes de renforcement de capacités, facilitation de l’échange entre pairs, et lancement de projets pilotes avec les institutions les plus engagées.

Il est important de saluer et d’encourager les IMF qui ont déjà pris l’initiative de s’engager dans cette transition. Leur action courageuse, souvent en contexte de ressources limitées, témoigne de leur volonté de participer à une microfinance plus responsable, plus inclusive et plus durable. Elles prouvent qu’il est possible de concilier performance économique, inclusion sociale et protection de l’environnement.

En conclusion, les produits verts représentent une formidable opportunité pour les IMF africaines de redéfinir leur mission en réponse aux défis contemporains. Grâce à l’accompagnement du réseau MAIN et à la mobilisation de ses partenaires, la microfinance verte est appelée à jouer un rôle central dans la construction d’un avenir durable sur le continent africain.

 

RETOUR SUR LA FORMATION MAIN A LOME : LA FINANCE VERTE S’ENRACINE DANS LA MICROFINANCE AFRICAINE
« Participants et formateur partagent leurs impressions sur l’atelier « Produits et services non financiers verts »

Du 16 au 18 juillet 2025, MAIN a organisé à Lomé (Togo) une formation stratégique dédiée aux produits et services non financiers verts, à l’intention des cadres du secteur de la microfinance. Trois jours d’échanges intensifs qui ont suscité des prises de conscience importantes et ouvert la voie à des initiatives concrètes.

Dans cet atelier, quelques participants ont été invités à partager leur regard sur le déroulement de la formation et sur les éléments qui les ont particulièrement marqués. Voici les retours d’expérience de – deux participants et du formateur :

Je dois avouer qu’en recevant le thème de la formation – produits et services non financiers verts – j’étais un peu sceptique. Je me demandais si j’allais vraiment repartir avec des éléments concrets et utiles. Mais très honnêtement, la méthodologie pédagogique utilisée m’a permis de comprendre que le champ d’action de la microfinance va bien au-delà du financement conventionnel que nous pratiquons habituellement. Aujourd’hui, il est clair pour moi que les questions liées au climat et à l’environnement ne sont pas réservées aux grandes banques ou aux bailleurs internationaux. La microfinance aussi peut jouer un rôle important dans ce domaine, en saisissant des opportunités économiques, tout en contribuant activement à la protection de l’environnement.image

Ce qui m’a le plus marqué, c’est la convivialité des échanges, le brassage d’expériences entre participants, et surtout les études de cas pratiques.
Ces moments ont été très enrichissants et nous ont permis de repartir avec des outils concrets. Aujourd’hui, je peux dire que nous avons acquis des bases solides pour mettre en place un cadre global visant à intégrer la finance verte et climatique dans nos activités.

Merci beaucoup.

 

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Globalement, la formation s’est très bien déroulée. Il y a eu de riches échanges et beaucoup de partages d’expériences. Le contenu était pertinent, avec un bon équilibre entre théorie et pratique. Personnellement, j’avais déjà quelques notions sur le SGES (Système de Gestion Environnementale et Sociale), mais je ne comprenais pas encore vraiment ce qu’était la finance climat ou la finance verte. Ces trois jours m’ont permis d’acquérir de solides connaissances, et aujourd’hui, je me sens mieux outillée pour conseiller mon institution et l’accompagner vers une stratégie de financement vert.

Parmi les cinq modules abordés, c’est le dernier qui m’a le plus marquée.
Il portait sur les mécanismes et instruments opérationnels de la finance verte, et c’est exactement ce qu’il nous manquait. Nous souhaitions capter des fonds verts, mais nous ne connaissions ni les étapes à suivre, ni le processus d’accréditation.
Ce module nous a éclairés sur le chemin à emprunter, les conditions d’accès et les opportunités disponibles

Merci beaucoup.

Formateur : Expert en finance durable

Avant tout, je tiens à remercier le réseau MAIN pour m’avoir offert l’opportunité d’animer cette formation et d’échanger avec les participants autour d’un sujet devenu aujourd’hui incontournable : le développement de produits et services non financiers verts.

Cette thématique, vous le savez, est appelée à transformer profondément les modèles de gouvernance des institutions financières, qu’il s’agisse des banques ou des institutions de microfinance. L’objectif de ces trois jours était de :

  • partager des expériences concrètes sur le développement de produits et services financiers verts,
  • expliquer comment intégrer la gestion des risques environnementaux et climatiques dans les modèles économiques,
  • présenter des outils d’évaluation de ces risques,
  • et introduire les principaux mécanismes et instruments de la finance verte.

Globalement, la formation a été très enrichissante, avec une participation active et un réel engagement de la part des participants.

Ce qui m’a le plus marqué, c’est le niveau d’engagement et l’intérêt sincère suscité par le sujet. Il y avait une véritable prise de conscience de la nécessité d’intégrer les dimensions environnementales dans les activités des IMF. Plusieurs participants ont exprimé leur volonté de renforcer leurs compétences sur le sujet, voire d’aller plus loin en développant des produits verts ou en montant des projets à soumettre aux fonds climatiques. Certains ont même évoqué leur ambition de s’engager dans un processus d’accréditation auprès du Fonds Vert pour le Climat ou du Fonds d’Adaptation, afin de mobiliser directement des ressources pour financer des initiatives à impact. En résumé, ce fut une formation très fructueuse, riche en échanges et en apprentissages, qui a permis à chacun de tirer profit des expériences partagées.

Merci beaucoup.»

En conclusion, cette formation a planté les graines d’une microfinance résiliente et engagée pour le climat. Les témoignages le confirment : l’intégration des enjeux verts n’est plus une option, mais une voie d’avenir pour le secteur. MAIN accompagnera ces pionniers dans la concrétisation de leurs projets, soutenant ainsi la transition écologique des économies locales.


Ensemble, œuvrons pour un avenir durable.

 

Evènements à venir

  1. Formation sur les instruments Financiers Durables et Investissements Verts, Ouagadougou du 01 au 03 Octobre 2025
  2. Conférence et assemblée générale de MAIN à Cotonou, du 22 au 26 Septembre 2025
  3. Webinaire sur « la transition écologique et sociale, moteur d’avenir pour la microfinance panafricaine », 28 Août 2025
  4. Formation sur le leadership féminin, Lomé Octobre 2025
  5. Formation sur les stratégies de croissance, Kigali Novembre 2025

 

[1] https://spiegato.com/fr/quelle-est-la-relation-entre-lentrepreneuriat-et-le-developpement-economique

[2] https://femmesdumaroc.com/archives/les-femmes-le-moteur-de-leconomie-africaine

[3] https://www.financialafrik.com/2019/11/19/afrique-50-femmes-entrepreneures-qui-montrent-que-cest-possible/

[4] https://www.rolandberger.com/publications/publication_pdf/Etude-RB_WIA_Accelerer_la_dynamique_entrepreneuriale_des_femmes_en_Afrique.pdf

[5] https://www.afdb.org/fr/themes-et-secteurs/initiatives-et-partenariats/initiative-pour-le-financement-en-faveur-des-femmes-en-afrique-afawa