Dans un contexte où le secteur financier évolue rapidement, les Institutions de Microfinance (IMF) sont confrontées à une concurrence accrue, à la transformation digitale, à des exigences réglementaires plus strictes et à des attentes clients en constante mutation. Face à cette croissance devenue plus complexe et non linéaire, il était essentiel pour les dirigeants de renforcer leurs capacités stratégiques afin de repenser leurs modèles, intégrer l’innovation et guider leurs organisations dans la transformation. C’est pour accompagner les IMF face à ces enjeux que MAIN a organisée, du 12 au 14 novembre 2025 à Kigali (Rwanda), une formation dédiée aux stratégies de croissance des institutions de microfinance. Pendant trois jours, les participants – venus de plusieurs pays d’Afrique de l’Est – ont échangé sur les leviers essentiels permettant aux IMF de se développer de manière planifiée, durable et structurée.
À l’issue de l’atelier, deux participants ont accepté partager leur impression aussi bien sur l’organisation de la formation que sur son déroulement.
Témoignages reçus des participants à la formation sur les stratégies de croissance :
Une formation participative et très enrichissante” – Témoignage de Christian Kamari, CEO de Sager Ganza Microfinance (Rwanda)
“Une formation très complète qui apporte une vision structurée de la croissance” – Témoignage de Beth Akareut, cheffe Crédit, Hofokam Microfinance (Ouganda)
Une formation qui trace la voie vers une croissance maîtrisée
La COP30, organisée à Belém au Brésil, marque un tournant majeur dans la gouvernance climatique mondiale grâce à l’adoption du « Belém Package », un ensemble de 29 décisions destinées à accélérer la mise en œuvre de l’Accord de Paris. Ce paquet met l’accent sur l’adaptation, la justice climatique, la santé, la protection des forêts et la transparence financière. Parmi les avancées les plus marquantes, la communauté internationale s’engage à tripler les financements consacrés à l’adaptation d’ici 2035, en réponse à la montée des risques climatiques qui touchent particulièrement les économies les plus vulnérables.
La COP30 institue également la « Baku Adaptation Roadmap » pour harmoniser les efforts mondiaux d’ici 2028 et adopte 59 indicateurs permettant de mesurer les progrès réalisés dans des secteurs clés comme l’eau, la santé, l’alimentation, les infrastructures et la finance. L’une des décisions structurantes est la création d’un mécanisme de « transition juste », destiné à soutenir les communautés les plus exposées aux transformations économiques liées à la décarbonation, tout en garantissant l’équité, les droits humains et l’inclusion. Le plan d’action genre adopté à Belém renforce cette dynamique en intégrant la budgétisation sensible au genre, la promotion de la participation féminine et la prise en compte des besoins spécifiques des femmes autochtones, rurales ou afro-descendantes dans toutes les politiques climatiques.
La conférence a également lancé plusieurs initiatives d’implémentation comme le « Global Implementation Accelerator » et le programme FINI[1], conçu pour structurer 1 000 milliards de dollars de projets d’adaptation dans les trois prochaines années, dont au moins 20 % de financements privés. Deux avancées sectorielles majeures complètent ces mesures : le « Belém Health Action Plan », soutenu par plus de 30 pays et 50 organisations avec un financement initial de 300 millions de dollars, et la création du « Tropical Forests Forever Facility », premier mécanisme international visant à rémunérer la protection des forêts tropicales, doté de plus de 6,7 milliards engagés dès son lancement.
Lors de la Journée officielle de l’Afrique à la COP30, les délégations africaines ont rappelé leurs priorités et leurs vulnérabilités. Elles ont insisté sur l’urgence d’un financement climatique plus équitable, innovant et moins générateur de dettes, soulignant que près de 60 % des fonds climatiques reçus par le continent se traduisent encore par un endettement supplémentaire. L’Afrique plaide pour une refonte de l’architecture financière internationale afin de rendre les financements climatiques plus accessibles et à la hauteur des besoins réels. Elle appelle également à mobiliser davantage ses ressources internes pour soutenir une industrialisation verte, résiliente et créatrice d’emplois. La BAD a rappelé la nécessité d’un financement climatique adapté aux pays fragilisés par les conflits, où l’adaptation est aussi un enjeu de stabilité.
Dans ce contexte en évolution, les institutions de microfinance africaines apparaissent comme des acteurs stratégiques pour la mise en œuvre des engagements pris à Belém. Leur proximité avec les populations vulnérables en fait des relais essentiels pour distribuer les financements climat à l’échelle locale. Elles peuvent ainsi développer des microcrédits verts, soutenir l’adoption de pratiques agricoles résilientes, financer des technologies sobres et renforcer la résilience économique des ménages. Les dispositifs lancés par la COP30, notamment FINI ou le Global Implementation Accelerator, ouvrent la voie à de nouveaux partenariats entre banques multilatérales, États et réseaux de microfinance pour accéder à des garanties, fonds mixtes ou appuis techniques.
Les microfinances peuvent également innover en créant des produits financiers adaptés tels que la micro-assurance climatique, l’épargne verte ou le leasing d’équipements durables. En intégrant les principes de transition juste et du plan d’action genre, elles deviennent des outils d’inclusion, d’équité et d’autonomisation économique, notamment pour les femmes et les communautés rurales. Elles peuvent enfin jouer un rôle plus structurel en contribuant à la transparence des flux financiers climatiques et en plaidant, aux côtés de la BAD, pour un système financier international moins centré sur la dette et davantage orienté vers l’accès direct.
En définitive, les microfinances africaines peuvent devenir l’un des vecteurs les plus concrets de la justice climatique en Afrique. La COP30 a manifesté une réelle volonté d’agir ; sa réussite dépendra désormais de la capacité à transformer ces engagements mondiaux en actions tangibles à l’échelle locale. C’est précisément à cette échelle que les institutions de microfinance africaines ont, sans ambiguïté, un rôle central à jouer.
Sources
L’inclusion financière dans l’Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) a poursuivi ces dernières années une évolution remarquable, portée par la digitalisation rapide, l’expansion du mobile money, la densification du réseau d’accès et l’engagement croissant des institutions financières, en particulier les Systèmes Financiers Décentralisés (SFD). Selon les données les du Tableau de Bord 2023, l’accès et l’usage des services financiers formels connaissent une dynamique ascendante qui témoigne d’une transformation profonde des habitudes financières dans la région.
L’un des progrès les plus significatifs concerne l’utilisation des services financiers. En effet, le taux global d’utilisation des services financiers qui était 33,8% en 2013, a plus que doublé en une décennie en atteignant 72,3% en 2023[1]. Cette progression reflète l’impact des politiques d’inclusion menées par la BCEAO et les États membres, mais aussi les innovations des acteurs de terrain.
Les services financiers via la téléphonie mobile constituent aujourd’hui un moteur central de la dynamique d’inclusion financière dans l’UEMOA. Leur essor est illustré par l’augmentation significative du nombre d’acteurs intervenant sur ce segment, passé de 15 en 2013 à 57 en 2023, traduisant une diversification de l’offre et un renforcement de la concurrence au bénéfice des usagers.
L’amélioration de l’accessibilité aux services financiers constitue également un signal fort des progrès réalisés. L’indicateur d’accès affiche une croissance continue, traduisant un rapprochement accru entre les institutions financières et les populations. Cette densification du réseau renforce l’ancrage territorial des services financiers et facilite l’accès des ménages et des petites entreprises, en particulier dans les zones éloignées des centres urbains.
Les Systèmes Financiers Décentralisés, acteurs historiques de l’inclusion en zone UEMOA, confirment leur rôle essentiel. Leur capacité de mobilisation d’encours des dépôts et de crédits se renforcent. Cela traduit une diffusion plus équilibrée de l’activité et un élargissement de leur base de clients tout en réduisant leurs vulnérabilités. Les SFD demeurent des piliers pour l’accès des populations vulnérables — en particulier les femmes, les jeunes et les zones rurales — offrant des produits adaptés et un accompagnement de proximité que ne peuvent toujours assurer les banques classiques.
L’usage croissant des paiements électroniques, ainsi que la montée des transactions digitales, confirment cette transformation structurelle. Le secteur bénéficie d’une convergence d’initiatives : investissements dans les infrastructures numériques, renforcement des régulations, innovation des fintechs, et surtout engagement quotidien des SFD et des banques dans la vulgarisation des produits financiers. Grace a tous ces renforcements ; l’indice synthétique de l’inclusion financière dans l’UEMOA a connu une progression significative sur la période 2013–2023, passant de 0,264 en 2013 à 0,602 en 2023, ce qui reflète une amélioration substantielle et continue du niveau global d’inclusion financière dans l’espace communautaire.
Reconnaissance et encouragements aux acteurs de l’écosystème
À la lumière de ces avancées majeures, il convient de saluer l’ensemble des acteurs impliqués dans la promotion de l’inclusion financière dans l’UEMOA : les gouvernements, les régulateurs, les fournisseurs de services financiers, les fintechs, les opérateurs de téléphonie, mais surtout les SFD, dont l’ancrage communautaire et la proximité sociale continuent de jouer un rôle irremplaçable. Grâce à leur engagement permanent, des millions de citoyens disposent aujourd’hui de solutions d’épargne, de crédit, de transfert ou d’assurance, leur permettant de sécuriser leurs revenus, d’investir et de faire face aux risques du quotidien.
Source : Tableau de bord de l’inclusion financière dans l’UEMOA au titre de l’année 2023 (août 2024).
[1] Taux global d’utilisation des services financiers, corrigé de la multibancarité ou Taux d’inclusion financière (en %)